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(Centre-Val de Loire, Loiret, entre Orléans et Combleux, 2021. Arnaud Bontemps, Tous droits réservés)
La Loire est l’une des frontières naturelles qui coupe la France en deux parties. Son franchissement est toujours un moment particulier et il semble que le temps lui-même change à l’intersection de cette ligne courbe. Superstition ou espoir convaincu de trouver au delà d’elle les pays méridionaux ? Les grands fleuves produisent toujours de grands effets. Il y a d’abord la grande mécanique de l’eau drainée dans le massif central. La Loire est fleuve et avant d’entrer dans la Vallée des rois, elle chemine avec la force tranquille des grands du monde, forte de ses racines tirées de ses ascendants, petits cours d’eau du massif qui se sont fait une voie à travers rocs et montagnes et sont sortis victorieux de leurs ennemis géologiques.
Il y a ces nuages qui accompagnent son voyage, compagnons fidèles ou courtisans volages, gonflés d’orgueil par la place qu’ils occupent, parfois colériques, ou jeunes pages de circonstance qui sacrifient au devoir de la grande cour hydrographique du monde.
Et il y a enfin les animaux, commensaux de la table du roi, les féodaux visibles ou invisibles que seule une longue habitude vous révélera. Parmi eux, deux ont rang au ban du bestiaire fluvial : le digne héron gris et le vif cormoran. L’un est calme et discret , l’autre est actif et bien visible. Ils sont les deux animaux totémiques du fleuve, les deux faces de sa personnalité et de son tempérament ambigu, l’expression de sa puissance versatile.
On peut chercher à peindre la Loire. De même qu’on ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve, on peindra difficilement deux fois la même Loire.